"une éducation libertine" de Jean-Baptiste Del Amo


L'un des défauts majeurs des premiers romans, vient de ses auteurs ! Ils veulent, à tort, faire la démonstration de leur érudition, en utilisant tout le vocabulaire emmagasiné depuis leur tendre enfance dès leur premier opus.

Jean-Baptiste Del Amo possède effectivement un lexique extraordinaire, seulement il a choisi de situer son roman au XVIIIème siècle, période célèbre pour les grandes heures de la langue française et les frasques libertines. Alors son vocabulaire nourri, trouve une juste place au côté de l'ascension de son jeune paysan breton, lui aussi figure récurrente du jeune premier dans la littérature.

Gaspard croît quitter la fange de sa ferme porcine en arrivant à la capitale sans un sou en poche. Il découvre bien vite une ville souillée, où la Seine, envoutante comme le Styx, charrie cadavres, maladie et misère humaine. L'air vicié transpire dans l'écriture même. Del Amo ne nous épargne rien. Petit à petit, Gaspard échappe malgré tout à l'attraction de la souillure, et connaît une ascension et une initiation qui révèle un autre univers malsain et enivrant.

Avec Une éducation libertine, Del Amo reprend les codes du roman d'initiation libertin, et s'attelle à un exercice périlleux. Le roman se noie parfois dans ses accumulations d'adjectifs et de descriptions. Sa solide structure, la succession de personnages exubérants aère l'ensemble et permet au roman de garder le cap. Gaspard et son auteur peuvent se féliciter de leur entrée dans un monde très fermé où un bel avenir semble les attendre.

Une éducation libertine
, de Jean-Baptiste Del Amo, éditions folio, 455 pages, 7,70 euros.

Achetez des livres de poche, les libraires vous en offrent des gratuits !


Chaque année, les éditeurs rivalisent d'imagination pour séduire les lecteurs, alors profitez-en ! Ruez-vous chez vos libraires et faites le plein de cadeaux !!!

Pour 2 Folio policiers achetés, votre libraire vous offrira l'adaptation BD Le Petit bleu de la côte ouest, de Jean-Pierre Manchette parue chez Futuropolis, dans la limite des stocks disponibles.

Pour deux Rivages achetés, M comme menace, de David Peace vous est offert.

Et pour les amateurs de cuisine, la petite collection, Ô Délices, de chez Mango, vous propose un exemplaire gratuit pour deux livres achetés.

Mais l'idée la plus originale revient aux éditions Pocket, qui pour l'achat de deux romans policiers dans leur collection, vous offre un bac à glaçons horrifique : des têtes de mort pour refroidir vos boissons !

Avant de vider les rayonnages de vos libraires, demandez-leur s'ils participent bien à ces opérations et s'il leur reste des stocks !

"La fin de la folie" de Jorge Volpi


Les commémorations passées de mai 68 ne vous ont pas convaincus et vous hésitez toujours entre choisir le camp des glorificateurs ou celui des désenchantés. Je vous propose un nouveau point de vue, celui de Jorge Volpi, auteur mexicain de La fin de la folie.

Le héros du roman, Anibal Quevedo, se réveille dans une chambre d'hôtel, en plein cœur des émeutes parisiennes dont il se contrefout. Comment a-t-il atterri dans cette chambre ? Par le bon vouloir de l'auteur, qui lui donne assez d'argent en poche pour que jamais le lecteur et Anibal ne se préoccupent du tout venant. Parce que le sujet du roman est ailleurs, Jorge Volpi donne un coup de pouce grossier et assumé à l'intrigue, pour nous faire gagner du temps.

Anibal est là pour deux raisons : devenir le témoin objectif des révoltes de l'année 68, débutées en France. Elles le ramèneront ensuite dans son pays après son apprentissage révolutionnaire sur les barricades parisiennes. Enfin, rencontrer Lacan. Comme l'occasion fait le larron, Anibal, psychanalyste en perdition, décide de se rendre chez Lacan qui vit à deux pas de chez lui. Il veut retrouver foi en sa profession. La psychanalyse et la révolution font bon ménage tout au long du roman, et l'intelligentsia de l'époque en prend pour son grade.

Jorge Volpi n'épargne personne. Les révolutionnaires, les idéalistes, les intellectuels sont désacralisés. Dans ces périodes de trouble, le piédestal s'écroule pour tous. Les enjeux privés déterminent les enjeux idéologiques. Lacan est un égocentrique colérique qui se révèle aussi incontrôlable que ses patients. Althusser oscille entre ses périodes d'internement et ses cours à l'ENS. "Althusser à rien" scandent les étudiants dans la rue. Barthes est un trouillard préférant la fuite à l'affrontement. Foucault est l'un des seuls à s'en sortir à peu près indemne.

Au milieu de cette folie douce, Anibal Quevedo est un candide redoutable, appuyé par l'érudition et la fougue de l'auteur. Le roman est sans cesse au bord de l'implosion. Les personnages et les situations grotesques s'accumulent. Le roman oscille entre le drame et la farce. Pourtant le capharnaüm littéraire n'est qu'apparent. Volpi est un auteur hors norme, il tient avec brio les rennes de cette chevauchée littéraire débridée. Sa subtilité intellectuelle et sa finesse humoristique tempèrent la folie et l'ardeur révolutionnaire qui emportent les protagonistes. Vous sortirez rincés et ébouriffés de tant de révoltes. Quel roman dense et enthousiasmant !

Anibal n'a rien à envier à Candide, ni Volpi à Voltaire. Chapeau !

La fin de la folie, de Jorge Volpi, éditions Points, 526 pages, 8 euros.

Babel nous régale pour le mois de mars !


Ce mois-ci, Babel, la collection de poche de la maison Actes Sud, a de quoi éclipser toute la production éditoriale du mois de mars, en petit format. Quatre titres pour faire le tour du monde, devenir insomniaque et traverser le temps et les âges. A vos marque-pages, prêts, Lisez !

Assia Djebar, grande dame de littérature francophone explore sa maison d'enfance, ses rêves de jeunesse et ce désir d'émancipation qui croît avec son amour pour les Lettres dans Nulle part dans la maison de mon père. La figure paternelle, admirée et contestée, n'est jamais bien loin dans l'itinéraire de la jeune femme algérienne.

A quelques centaines de kilomètres de l'Algérie, Alaa El Aswany vous emmène dans les poumons du Caire. Vous partez à la rencontre de personnages singuliers. Il décrit avec humanité une société à la dérive. Il a aussi la dent dure face aux ravages de l'obscurantisme. Ironique, cinglant, drôle, son ouvrage a été interdit de publication en Egypte. J'aurais voulu être égyptien est pourtant un hommage vibrant à tous ces hommes et femmes qui constituent la fourmilière du Caire.

Brothers, de Yu Hua, est un roman fleuve sur le basculement de la Chine communiste à la Chine consumériste, incarné par deux frères, qui portent en eux les contrastes et les espoirs déçus de la génération de l'auteur Yu Hua : une farce tragique passionnante et plus de 1000 pages à se mettre sous la dent.

Enfin, pour démarrer le printemps et envisager le monde désabusé qui attend nos chères têtes blondes, enfermez-vous dans l'immense tour de verre du roman d'anticipation de Céline Curiol, Permission. Une fois de plus, l'administration a semble-t-il éradiqué toute forme d'imagination et de liberté. La surinformation aurait dû bannir la fiction littéraire, que nenni, Céline Curiol défend bec et ongle le pouvoir de l'écrit comme vecteur de nos libertés fondamentales.

Aux éditions Babel :
Nulle part dans la maison de mon père, d'Assia Djebar, 450 pages, 9,50 euros.
J'aurais voulu être égyptien, d'Alaa El Aswany, 7,50 euros.
Brothers, de Yu Hua, 1017 pages, 14,50 euros.
Permission, de Céline Curiol, 253 pages, 7,50 euros.

Quand les librairies virtuelles fleurissent au printemps !



Le printemps est à nos portes et les librairies virtuelles éclosent et pas seulement du côté de Google, d'Amazon et d'Apple. Les plus modestes apprennent à se fédérer.

Vous vous maudissez tous les jours de ne plus vous rendre dans votre librairie préférée. Pas de problème, ils vous livrent les ouvrages de votre choix à vélo ! Je sens votre intérêt augmenter. 9 libraires indépendants de l'est parisien, se sont unis sous le nom de Librest. Si vous n'avez pas d'idées de lecture, vous naviguez parmi leurs suggestions, et coups de cœur, et pourquoi pas écouter leurs conseils en ligne sur leur radio. Ces libraires, tous les jours au contact de leurs lecteurs ont de bonnes idées pour vous redonner envie de revenir en librairie. Alors prenez 2 minutes sur votre smartphone, dans le métro ou pendant la pause déjeuner, pour explorer leur portail de vente de livres. 800 000 livres vous sont proposés, et un conseil de qualité. Seul bémol et encore, la rubrique "livres numériques" n'héberge qu'une adresse mail pour connaître les attentes des lecteurs sur le numérique. Ils ne proposent pas de vente.

L'initiative de nos cousins québécois pourrait peut-être les inspirer pour développer cette rubrique. Ils viennent d'ouvrir leur portail regroupant les éditeurs québécois et leurs 80 libraires indépendants, sous le nom évident de livresquébécois.com. Vous avez accès aux fonds papiers et numériques de ces éditeurs. Vous pouvez faire votre choix grâce à leur revue Le libraire, qui regroupe les conseils et critiques de tous ces libraires. Vous commandez vos ouvrages sur le portail, ou auprès du libraire de votre choix. Nos cousins francophones ripostent face aux prochaines ouvertures de l'ebookstore d'Apple et à Google Editions, prévues avant la rentrée, qui commercialiseront exclusivement des livres numériques.

Évidemment, vous ne vivez pas tous dans l'est parisien ou au Québec. Il vous faudra encore patienter mais le portail de vente des libraires indépendants français est sur les rails, et devrait ouvrir à la rentrée. Encore un peu de patience amis lecteurs !

"Gloire", de Daniel Kehlmann


Qui ne rêve pas d'être désiré, sollicité, reconnu par tous.... Et bien, certainement plus les héros de Gloire, recueil de nouvelles écrites par l'allemand Daniel Kehlmann. Écrivain neurasthénique, ours mal léché, tous les hommes de ce recueil connaissent une gloire difficile à laquelle ils aimeraient échapper. Les quiproquos et les situations désastreuses s'enchaînent. Pour votre plus grand plaisir, ils seront tous victimes d'un imbroglio identitaire et de cette célébrité au rabais que nous garantit notre société du divertissement.

Daniel Kehlmann interroge le Narcisse qui sommeille en nous, pour s'en amuser et, en beau joueur, parodie sa propre célébrité. Gloire ne vous guérira pas de la lecture de Voici, et autres Paris Match, mais saura vous donner le sourire et préserver votre anonymat.

Gloire, de Daniel Kehlmann, éditions Babel, 6,50 euros, à paraître le 15 avril.

Premier salon sur le livre numérique du 9 au 10 mars !


Entre le Printemps des poètes, et le Salon du livre de Paris, la vie du livre ne s'arrête pas, bien au contraire.

Aujourd'hui, 9 mars débute le premier salon français du livre numérique intitulé "Demain le livre". Mazette !

Il faut le reconnaître, les débats annoncés sont plus alléchants que ceux promis par l'espace numérique du Salon du livre de Paris. En entête de leur programme ils ajoutent une dose de catastrophisme suffisante pour provoquer les foules : "Même si les tentatives en la matière demeurent encore assez expérimentales dans notre pays, beaucoup se demandent si déjà, à terme, l’immatériel n’aura pas raison du papier et des circuits physiques de sa distribution" déclare Gallimard. Je suis surprise que les livres papiers ne se déchiquettent pas eux-mêmes après une telle déclaration ! Autour des tables, les geeks et les éditeurs vont fusionner. Ils vont aborder les questions des meilleurs supports de numérisation, de la survie du livre papier et du nouveau modèle économique créé par la dématérialisation du livre.

Il ne reste plus qu'à espérer l'absence de la langue de bois des conférenciers !!! Ce serait dommage de tuer dans l'œuf une si belle initiative.

A suivre...

H2G2, de Douglas Adams


La littérature est tellement vaste, vous ne lirez pas tous les livres, résignez-vous. L'un d'entre eux contient le mystère révélé de la création de l'univers... Évitez le rayon ésotérique, la religion également, effectivement le rayon scientifique était une bonne idée, mais il faut aller au-delà : au rayon science-fiction.

Pour notre plus grand plaisir, Folio réédite, H2G2 de Douglas Adams. N'y voyez pas un hommage à H1N1. Folio salue les 30 ans de cette parodie de la science-fiction et Denoël édite un tome 6 écrit par Eoin Colfer et Douglas Adams. En 5 tomes, Douglas Adams prétend vous délivrer le secret de la création de l'univers à travers un voyage interplanétaire loufoque, infernal et surtout invraisemblable.

En digne représentant de notre espèce, Arthur va se retrouver projeter dans l'univers contre son gré. Sans envergure ni courage, il va se faire balader dans tout l'espace au côté d'un robot neurasthénique et philosophe. Les scènes les plus loufoques se succèdent, Douglas Adams pratique le non sense british dans le plus pur style, à l'égal des Monty Pythons.

Précipitez-vous sur le premier tome, H2G2 ou Le guide du voyageur galactique, pour faire un voyage aux confins de l'absurde !

La saga H2G2 de Douglas Adams, aux éditions folio :
Le guide du voyageur galactique : H2 G2, I, 273 pages, 6,10 euros.
Le dernier restaurant avant la fin du monde, 7,10 euros.
H2G2 : La Vie, l'Univers et le Reste, 6,10 euros.
Salut, et encore merci pour le poisson,7,10 euros.
Globalement inoffensif,

Blogroulette, bien mieux que Chatroulette


Cher lecteur, tu veux remettre tes projets de week-end aux mains du hasard, et explorer de nouveaux sites de lecture ? Alors va t'amuser sans crainte sur Blogroulette, et tes désirs de lecture tu trouveras.


Sur le modèle de la très décriée Chatroulette qui permet de surfer de webcams en webcams, et de multiplier ainsi les rencontres fortuites, Calepin, blogueur de Romans et Lectures, s'est amusé à décliner le principe pour découvrir de manière aléatoire des sites de lecture.

Complètement inoffensif, sauf pour créer des envies de lecture !

100 livres dans une cartouche de Nintendo DS. Aurez-vous le temps de tous les lire ?


Aujourd'hui 5 mars, Nintendo voit en grand, et met en vente sa DS XL, toutes options : WI-FI et appareil photo intégrés. Et nous découvrons que le héros de jeux vidéo, Mario Bross, le plombier aventurier qui sauve inlassablement la princessePeach, se repose parfois et aime bouquiner.

Avec sa DS grand format, Nintendo met en vente une cartouche contenant 100 œuvres classiques, pour 30 euros en moyenne (n'étant pas considéré comme un livre, mais bien comme un jeu vidéo, le prix n'est pas unique, contrairement au livre). Hugo, Zola, Maupassant, Voltaire et autres grands noms de notre littérature cohabitent dans une seule et même boîte. Après avoir voulu nous muscler le cerveau, nous apprendre à cuisiner, Nintendo veut développer notre culture générale !

Il peut compter sur un partenaire de choix pour le lancement de sa bibliothèque numérique : Folio, éditions de poche de la célèbre maison Gallimard. Grâce à la marque Folio, Nintendo veut bénéficier d'une image sérieuse et connue auprès des lecteurs. Folio, de son côté, apporte à cette bibliothèque, une présentation de l'auteur et des annotations critiques tout de même moins importantes que dans les éditions papier. Il ne s'agirait pas de se tirer une balle dans le pied. Leurs livres papiers ne sont pas là pour habiller les rayonnages des libraires.

Quoiqu'il en soit voici l'argument qu'il manquait à certains enfants pour vous convaincre de leur offrir la DS : "Mais papa, maman, je vais pouvoir avoir 100 livres dans une seule cartouche pour 30 euros, et les lire bien sûr, si vous m'achetez Mario et ses petits copains pour me détendre entre Madame Bovary et Germinal".

Quel que soit le modèle de DS que vous possédez, le jeu est conçu pour tous les formats de console. Par contre si vous ne disposez pas encore de cette console, alors cette bonne affaire n'aura plus le même prix. La DS XL coûte en moyenne 170 euros, et il faudra compter au minimum 110 euros pour la première DS neuve.

Alors avant de vous jeter dans la gueule du loup et de succomber aux arguments imparables de vos rejetons, réfléchissez à l'investissement, et accompagnez-les à la bibliothèque la plus proche !

« Singapour » de Georges Cassel.


Au début du vingtième siècle, Singapour fait déjà figure de capitale cosmopolite, stratégiquement située entre la Chine, le Japon et les Indes. Cet immense comptoir commercial, d'où arrivent et partent des colis à travers le monde, ne peut que fasciner.

Dans Singapour, Georges Cassel imagine la visite de la ville monde, par un jeune occidental, tel « Adam voyant le paradis ». Entraîné par des occidentaux aguerris aux mœurs orientales, il arpente le ville. Il s'enivre de ses senteurs et de ses échanges commerciaux. Il passe des marchés, aux rues animées, croisant toutes les populations, apprenant à distinguer les particularités de chacune. Il se lasse rapidement de sa capitale parisienne, préférant l'agitation du Monde, concentrée sur cette seule île. Comme un marcheur infatigable, il recueille des bribes de conversation, des visages, et nous propose une balade vivante, comme accompagnant une série photographique.

5 euros, et pas plus de 50 pages pour ce voyage intemporel à la lecture enivrante. Un pari audacieux pour les éditions du Sonneur, qui réunissent dans leur petite collection, de courts textes au même tarif. Les couvertures sont élégantes, et la démarche rappelle celle de la collection 1001 nuits. Deux éditeurs qui arpentent les textes oubliés.

Bon voyage !

Singapour, de Georges Cassel, éditions du Sonneur, 56 pages, 5 euros.