Les livres de poches qu'il fallait ou ne fallait pas manquer - mars 2010


Une nouvelle piqûre de rappel qui cette fois cherche vraiment à vous immuniser contre les lectures nocives (voir la fin du billet), en vous en prescrivant des plus saines ! Bonne vaccination.

Pour les lecteurs qui n'aiment pas passer à côté de lectures indispensables. Quand au bonheur d'être père survint la douleur d'élever des enfants handicapés, Jean-Louis Fournier choisit le rire pour affronter le désespoir. Ce roman n'accable jamais, et ne sombre pas dans la sensiblerie de tous ces témoignages dégoulinant d'hypocrisie qui inondent les plateaux télés. L'ancien complice de Desproges fait une démonstration d'humanité et de pudeur. Où on va papa est indispensable.

Pour les lecteurs polyglottes, Umberto Eco, linguiste génial, nous régale d'une réflexion étayée sur l'exercice de la traduction ou l'art de Dire presque la même chose. Il parle de son expérience de passeur capable, grâce à la traduction, de nous emmener d'un monde à l'autre. L'utilisation d'exemples agrémentée de son regard de lecteur/auteur/traducteur rend la lecture de son ouvrage agréable, évitant l'excès didactique.

Pour ceux qui pensaient avoir lu tous les romans de Stephan Zweig. Dans quel tiroir, de quelle commode se cachait le voyage dans le passé, roman inconnu du public ? Obligé de s'exiler lors de la Première guerre mondiale, Louis décide de retourner à Vienne retrouver son grand amour. Le passé les rattrape et une fois de plus la guerre les condamne au sursis. Lecteurs, à votre tour de renouer avec Zweig. Précipitez-vous, le charme agit inévitablement dès les premiers mots.

Pour ceux qui seraient tentés de lire Syngué Sabour, le Goncourt 2008, paru en poche. Les ouvrages évoqués précédemment ne vous suffisent pas pour vous éviter l'achat de ce Goncourt ? Non ? Depuis quelques années il est insupportable de lire des ouvrages, qui parce qu'ils défendent une cause juste sont intouchables, glorifiés par les critiques. Personne n'oserait attaquer un livre qui défend la liberté, et qui plus est, celle des femmes afghanes. Depuis quand le propos se suffit à lui-même pour faire l'économie de l'écriture et du talent ? Alors, oui les femmes afghanes souffrent, oui elles vivent dans la peur de l'homme, oui elles rêvent de se révolter sous leur burqa. Mais ce récit médiocre et violent, d'une morale à peine digne du pire Walt Disney, ne leur rend pas hommage, pire il ennuie. Ne sombrez pas dans un coma littéraire profond, le fonds des librairies ne manque pas de récits brillants et troublants sur la liberté. Faites l'économie de la médiocrité.

Où on va, papa ?, de Jean-Louis Fournier, éditions du Livre de poche, 149 pages, 5,50 euros.
Le Voyage dans le passé, de Stefan Zweig, éditions du Livre de poche, 177 pages, 6 euros.
Dire presque la même chose : expériences de traduction, d'Umberto Eco, éditions du Livre de poche, 503 pages, 8 euros.
Syngué Sabour : Pierre de patience, d'Atiq Rahimi, éditions Folio, 144 pages, 5,60 euros.
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