"Les vivants", d'Annie Dillard.


Que reste-t-il des premières implantations des pionniers du fin fond de l'ouest américain, là où seul le Pacifique les stoppèrent ? Les Vivants, bien sûr !

John Ireland, Minta et les autres colons de la ville de Whatcom sont les bâtisseurs méconnus et téméraires de cette hasardeuse conquête de l'ouest que chronique Annie Dillard sur plus de 700 pages. Point de famille Ingalls, de cowboys sexys mal rasés, les clichés éculés sont abandonnés. Annie Dillard évite avec soulagement la compassion, les mirages de la conquête de l'ouest. Elle décrit avec intensité et détails les premiers temps de l'émergence de cette nouvelle ville, ses hasards malheureux, les conséquences de la ruée vers l'or, l'implantation des chinois, tous les évènements qui fortifient ou défont toutes les vies sacrifiées pour la naissance de Whatcom. Face au labeur, Annie Dillard nous régale de son regard exalté sur la nature maîtresse première des lieux. L'eldorado semble bien loin, pourtant la joie des premiers temps paraît inébranlable.

Annie Dillard sait transmettre sa fascination pour les grands espaces américains, thème récurrent et fondateur de la littérature américaine. Son écriture élégante, sa narration paisible deviennent rapidement irrésistibles. Beaucoup d'entre-vous n'ont encore jamais entendu parlés d'Annie Dillard, une auteur discrète à l'écriture mesurée. Les Vivants n'est peut être pas son meilleur roman, mais dans la masse des parutions il sort totalement du lot et fait preuve d'un niveau d'exigence que l'on souhaiterait à tous les romans "ratés" !

Les vivants, d'Annie Dillard, éditions Christian Bourgois, 738 pages, 10 euros.
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