Zone, de Mathias Enard.


Remisez votre paréo, la rentrée littéraire du livre de poche va s'avérer vertigineuse. Zone n'est pas de ces lectures aisées, dilettantes. Mathias Enard vous impose ses conditions et vous ne pourrez y échapper. Une phrase, une unique phrase constitue le roman. Pourtant rapidement vous trouverez votre souffle, grâce aux virgules, au rythme naturel de l'écriture et aux chapitres. Mais un chapitre se lit d'une traite, d'une inspiration. Ne vous arrêtez pas en plein milieu, car pour reprendre il vous faudra repartir à son début.

Une unique phrase pour un homme multiple. Le héros, homme de l'Europe, a traversé la fin du siècle et ses déchirements. Il est temps pour lui de rentrer au pays. Alors sur le trajet du retour il nous entraîne dans cette Europe d'aujourd'hui, ses guerres, ses vies et tentent de renouer avant tout avec lui-même. Brisé, il cherche à se reconstruire. Alors quand on accorde son souffle sur celui du monologue intérieur de ce nouvel Ulysse, l'itinéraire du retour devient vite haletant, sinon obsédant. Zone est bien une expérience de lecture, et une remise en question du lecteur que nous sommes. Comme son héros accepter de vous égarer pour mieux retrouver vos sensations de lecture. Après cela vous pourrez affronter la rentrée littéraire comme un homme neuf.

Rappelons que Zone a eu le prix du livre inter, prix remis par des lecteurs en 2008.

Zone, Mathias Enard, éditions Babel, 516 pages, 10,50 euros.
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