Livre de poche ou ebook, que mettre dans le fond de mes poches ?



C’est décidé je vide le contenu de mes poches sur la table ! Un constat s’impose à moi en ce début d’année : l'écran de ma liseuse est de même taille que mon livre de poche. Devant les efforts réussis des constructeurs pour alléger, compresser, amincir leurs liseuses*, il faut se rendre à l’évidence, mon livre de poche est directement menacé. Que faire ! Mes 10 prochaines lectures seront-elles numériques ou papiers ?

Vous l’aurez compris, les arguments pour vous convaincre de continuer à lire en poche réduisent comme peau de chagrin. L’écart de prix se resserre, depuis que la plupart des éditeurs ont répercuté la baisse de la TVA au 1er janvier 2012, de 19,6% à 7%, sur le livre numérique. Le livre numérique est commercialisé à la même date que la sortie en grand format, et pas 6 mois plus tard comme le livre de poche. Je peux lire le dernier roman d’Anne Wiazemsky immédiatement. Il coûte 30% de moins que son édition papier originale, et au moins 10% de plus que le prix du livre de poche à venir. Au format numérique, je le lis un ouvrage à sa date de parution  et déjà à un prix réduit. Ma liseuse, c’est une bibliothèque de livres de poche au poids et à la taille d’un seul livre de poche.

Il ne serait donc pas hasardeux de voir la liseuse convaincre les lecteurs du livre de poche, car c'est bien son petit prix et sa taille qui en ont fait son succès. Et ce n'est pas l'esthétique du livre de poche qui convaincra le lecteur de lui rester fidèle, malgré des efforts éditoriaux, la majorité des éditeurs favorisent une mise en page efficace en dehors d'habillages saisonniers élégants.

Il reste évidemment des contreparties qui n'annoncent pas la disparition imminente du livre de poche. Le catalogue de livres numériques s’étoffe mais n’atteint pas la diversité et la profusion du petit format papier. Il faudra bien acheter votre liseuse avant de constituer votre bibliothèque. Les prix se démocratisent mais atteignent à minima les 100 euros. C’est encore un investissement important pour les petits budgets. Enfin, il est encore aisé de prêter un livre de poche quand il reste complexe de prêter un fichier de livre numérique, la plupart étant protégés et impossible à dupliquer, ou lire sur une autre liseuse si elle n’est pas de la même marque. Il reste encore des retards à combler à la liseuse pour concurrencer définitivement le livre de poche.

Tant qu'il y aura des poches à remplir, la liseuse cohabitera sans difficultés avec le livre de poche. Reste à savoir pour combien de temps.

NB : une remarque par grand froid. A moins d'avoir des moufles adaptées, il est impossible de tourner les pages sur un écran tactile avec ses gants. Pensez-y ! 





Levée de bouclier de libraires contre les DRM !


Au fin fond de la Bretagne, dans la mythique librairie indépendante
Dialogues à Brest, Charles Kermarec lance son assaut contre les DRM :"Vendre un e-book avec DRM pour que le client acheteur ne puisse pas copier-coller son livre, pour qu’il ne puisse pas en imprimer à loisir tout ou partie, pour qu’il ne puisse pas le prêter, c’est se méfier a priori de ce client. C’est le menotter ou penser a priori que ce client est malhonnête. Prendre un client pour un voleur, ça m’est insupportable. Donc ça suffit. Jouez ce jeu-là messieurs les fournisseurs, mes amis, si ça vous chante. Mais sans ma complicité." Dans cette interview, Charles Kermarec répond aux angoisses des éditeurs par son éthique. Il dénonce également le caractère subversif de la protection des fichiers, qui en dissuadant le lecteur honnête de télécharger incite au piratage et à la diffusion illégale. Finalement les DRM pénalisent le lecteur honnête, encourage le piratage et exclu le libraire indépendant de ce marché complexe que seuls les Amazon et Apple peuvent occuper.

Clément Bourgoin, libraire et développeur de la librairie Ys, va encore plus loin. Pour les mêmes raisons que Charles Kermarec, il vous détaille la méthode pour retirer les DRM de votre livre numérique avec tutoriel et photos à l'appui. Il n'encourage pas le piratage, bien au contraire :"Achetez des livres numériques, téléchargez des livres numériques, retirez les DRM de vos livres numériques, lisez des livres numériques, prêtez vos livres numériques à vos amis, mais c'est tout. Ne les envoyez pas sur les sites pirates ou sur les réseaux P2P, sous peine de donner raison aux éditeurs frileux qui bardent leurs fichiers de DRM ou de décourager ceux qui prennent le risque de s'en passer".

Il est de bon ton de voir que le dernier maillon de la chaîne du livre, le libraire, continue à remplir son rôle de porte parole du lecteur. L'acte de lecture est un acte intime, quand l'achat sous DRM veut nous déposséder de notre livre. Qu'il soit papier ou numérique, il ne s'agit pas seulement d'avoir lu un livre pour se l'approprier, il faut le posséder, en avoir sa jouissance exclusive.

Angle Mort, les littératures de l'imaginaire ont leur revue numérique


Alors que Nantes accueille les Utopiales, festival international de la Science-Fiction, il est de bon ton de parler d'une nouvelle revue dédiée aux littératures de l'imaginaire : Angle Mort. Et lorsque l'on parle de littératures de l'imaginaire, on rencontre un public de lecteurs hyper sensibles aux nouvelles technologies qui n'ont de cesse d'imaginer les lectures du futur et de vouloir les développer.

Angle Mort annonce donc la couleur :"Angle Mort ambitionne d’explorer de nouveaux supports électroniques et d’exploiter des technologies numériques comme média de diffusion et outil artistique ; d’ouvrir un espace de publication électronique aux nouveaux courants littéraires et aux auteurs tant confirmés que débutants.". Les textes sont disponibles en Epub et PDF, lisibles sur toutes les tablettes ou autres supports numériques, et l'ergonomie de leur site est tout simplement claire et efficace.

Une fois de plus les lecteurs aux poches percées vont frétiller en apprenant que les nouvelles de la revue Angle Mort sont gratuites. Sensibles au bénévolat de cette équipe d'auteurs, traducteurs et lecteurs qui ont sués sang et eaux pour créer cette revue, vous allez toutefois pouvoir les soutenir en achetant un numéro au prix fort de 2,99 euros pour rémunérer cet équipe hyper motivée. C'est donné, foncez !

Enfin le livre de poche a son mensuel téléchargeable !


La toile est vraiment trop vaste pour imaginer ne pas manquer les prescripteurs de livre de poche. Impossible de trouver un GPS suffisamment efficace pour les connaître tous. Il faut parfois se fier au hasard qui permet toujours d'heureuses rencontres. Pierre Maury m'a donc envoyée un doux message de culpabilité pour dire qu'il ne connaissait pas mon blog. Le fond des poches doit en dire autant, car tout était fait pour que nos blogs se rencontrent.

Dans son journal d'un lecteur, Pierre Maury, en plus de ses nombreuses critiques avisées, édite le premier mensuel numérique consacré au livre de poche, intitulé "c'est dans la poche". J'en ronronne d'avance. Son téléchargement est gratuit, je ronronne doublement, et accessible sur plusieurs sites et également sur le fond des poches avec son accord ! Chaque mois vous pourrez accéder à son mensuel, le télécharger et de cette manière encourager son initiative. Bravo Pierre Maury !

Alors téléchargez-le ici dès maintenant.

En octobre militez, riez, pensez pour prendre la mesure du monde qui vous entoure !


Après la rentrée littéraire, place à la rentrée des essais. Les cerveaux bouillonnent, les esprits s'aiguisent, notre sens critique reprend le dessus, quelques essais pour remettre vos neurones en bon ordre de marche !

Premier évènement, car elle produit peu mais à chaque fois ébranle. Naomi Klein auteur de No Logo, revient avec la Stratégie du Choc écrit au lendemain de la crise des subprimes qui a ébranlé la finance et nos petits portemonnaies. Naomi Klein confronte les différents désastres qu'ils soient naturels, comme le tsunami, ou imputables à l'homme comme la montée du nazisme et bien sûr dernièrement la frénésie d'un capitalisme qui s'enrichit sur le désastre comme l'intitule son sous-titre "la montée d'un capitalisme du désastre". Elle donne le ton en décrivant les spéculations immobilières qui succédèrent à Katrina, et ainsi de suite, pour dénoncer le nouvel ordre du cynisme économique. Militante, elle met en lumière l'échec de notre politique ultralibérale qui profite de ces situations désastreuses pour prospérer en dépit du bon sens et des valeurs démocratiques.

Vollman, également édité chez Actes Sud, a de son côté décidé de parcourir le monde et de poser une question simple Pourquoi êtes-vous pauvres ?. Il dresser un portrait nuancé d'un mal mondial : la pauvreté. Sous un pont au Japon, aux côtés de russes victimes de radiation,Vollmann s'installe et discute pour échapper au discours compassionnel et oser l'empathie. Ces interviews au plus près apportent finalement de la nuance, de la densité à une vision uniformiser de la pauvreté, pour dresser une galerie des pauvretés. Il prend enfin son lecteur à partie pour nous interroger également, nous demandant "pourquoi êtes-vous riches ?". Cette mise en miroir s'éloigne du travail d'investigation d'un journaliste comme du sociologue. Vollmann réussit ainsi le pari de l'humanité là où tout le monde cherche à poser un regard d'objectivité.

Régis Debray prend le contrepied d'une lecture systématiquement individualiste de notre société contemporaine pour se pencher sur ce qu'il nomme le moment fraternité. La lucidité intellectuelle de Régis Debray, met en lumière le glissement de notre société non pas vers la solitude mais vers les communautés. les "nous" se démultiplient et résonnent entre-eux avec cohérence. Ce discours fera grincer des dents, pourtant Régis Debray éclaire son propos avec une lecture de l'histoire des peuples qui révèle notre prédisposition à nous fraterniser.

Pour terminer, un ouvrage hautement militant pour faire du rire une arme rhétorique. Grâce à ce petit ouvrage savoureux, Désobéir par le rire, vous serez sûr de désarmer votre adversaire, anéantir toute tentative de manipulation et d'anéantir tout effort pour vous dominer. Mettez à terre votre ennemi sans vous départir de l'élégance et du charme que vous attribuera l'art du bon mot. Ne vous en privez pas.

La stratégie du Choc, de Naomie Klein, éditions Babel, 861 pages, 12,81 euros.
Pourquoi êtes-vous pauvres ?, de Vollmann, éditions Babel, 127 pages, 10,50 euros.
Le moment fraternité, de Régis Debray, éditions Folio, 335 pages, 8,20 euros.
Désobéir par le rire, des Désobéissants, éditions Le Passager Clandestin, 62 pages, 5 euros.

La Vaine Attente, de Nadeem Aslam.


Dans la Vaine Attente, Nadeem Aslam rappelle avec justesse et subtilité que l'Afghanistan est géographiquement un pays à la croisée des grandes routes commerciales, des grandes civilisations et ne pouvaient au XXème siècle que devenir le théâtre des grands conflits internationaux. Ses protagonistes, des étrangers, lancés sur les traces des êtres chers à leur vie, sont les uns et les autres étrangers et complices des tourments de ce pays monde. Ils vont errer, se jouer les uns des autres, s'entraider pour finalement se dérober à eux-mêmes. Leur identité va se diluer dans l'éclatement de celle de l'Afghanistan.

L'histoire se déroule dans les années 80, lorsque l'Afghanistan pris dans l'étau des conflits internationaux bascule dans ses heures troubles où elle se débat encore aujourd'hui. Pour combattre la puissance des soviétiques, les Etats-Unis encouragent et stimulent la montée de l'islamisme, repoussant, chacun, les vestiges de la culture indienne au-delà des frontières territoriales. Le roman d'espionnage est continuellement contaminé par le souffle persan de l'écriture. Nasleem distille avec élégance les détails persans. Les symboles de la disparition du bouddhisme se consument au profit de ceux de l'Islam.

La Vaine attente est un roman déstabilisant, dépaysant et haletant.

La Vaine Attente, éditions point seuil, 475 pages, 7,50 euros.

Plein les poches ce week-end à Gradignan !


Fureter sur les tables des libraires, rencontrer vos auteurs favoris, échanger dans des rencontres littéraires, et dépenser votre budget lecture annuel en un week-end est la caractéristique d'un amoureux des salons du livre. Ne manquez-pas ce premier week-end d'octobre celui dédié au livre de poche qui se tient à Gradignan en banlieue bordelaise.

Lire en poche accueille en invitées d'honneur Pennac et Russel Banks, et met l'Histoire à l'honneur. Il va toutefois y en avoir pour tous les goûts. Les amateurs de polar ne vont pas être en reste car cette nouvelle édition accueille le maître du polar sud-africain Deon Meyer, et également, Jean d'Aillon, spécialiste du polar historique, ou encore Hervé Le Corre, auteur local connu pour son excellent polar dans l'univers de la littérature L'homme aux lèvres de Saphir. Enfin pour ceux qui ne manqueraient pour rien les aventures de Boro, reporter photographe, Jean Vautrin sera présent.

Les rencontres s'articulent autour de la présentation de collections de livres d'histoire phares comme Texto et Tempus, de la place de l'histoire dans la littérature, et parce qu'il faut regarder vers l'avenir, le salon s'ouvre sur "l'Europe à l'heure du numérique".

Donc n'hésitez pas à faire le plein de poches, claquer la bise aux auteurs, c'est gratuit !