"Les paupières", de Yoko Ogawa


Pas besoin d'adopter la posture du yogi pour atteindre l'infinie quiétude de l'auteur japonaise Yoko Ogawa. Dès votre première lecture, vous aurez la sensation d'avoir compris toutes les étapes du zen. A l'étrange comme au tragique, elle appose son écriture en onguent, apaisant toute douleur. Sa sérénité inébranlable devient rapidement contagieuse.

Dans son recueil de nouvelles, Les paupières, elle réanime notre sensibilité et notre aptitude au rêve. La première nouvelle, c'est difficile de dormir en avion, suffit à vous initier. Lors d'un vol, une femme sur le point de s'assoupir, discute à contre cœur avec son voisin. Finalement la narration sur le rythme de la conversation s'installe dans un état de semi sommeil. Le passager revient sur une autre rencontre également dans un avion. Ogawa sème le trouble. Qui raconte ? Dans quel avion sommes-nous ? Il devient difficile de distinguer les histoires et leurs interlocuteurs. Désorientés, le récit d'une vieille femme venue retrouver un amour épistolaire prend le dessus et paraît tangible. Pour Ogawa la réalité à peu d'importance, l'échange qu'occasionne la rencontre devient le seul élément qui mérite l'attention de son écriture. Les lieux, les époques sont artificiels. Les sens et l'intuition sont les seuls repères fiables laissés au lecteur comme aux protagonistes.

L'incongruité domine son recueil. Son écriture dépouillée et hypersensible ajoute à l'atmosphère singulière de ses nouvelles. Il suffit de lire leurs intitulés, Les Ovaires de la poétesse, L'art de cultiver les légumes chinois ou encore une collection d'odeurs, pour se surprendre. Les issus de chaque rencontre, totalement imprévisibles, termineront de vous déconcerter tout en douceur.

Les paupières, de Yoko Ogawa, éditions Actes Sud, 7,50 euros, 206 pages.

Pour les amateurs de littérature asiatique, je vous renvoie au Supplice du santal, de Mo Yan.

Google books est condamné, vive Google édition !


Google books vient d'être condamné pour contrefaçon, pour la numérisation des ouvrages du groupe La Martinière sans leur accord. Cette décision coûteuse, est presque de l'histoire ancienne pour le géant Google, puisque début 2010 il lance sa plateforme de vente de livres numériques: Google Editions. La bataille de boules de neige va passer à la vitesse supérieure !

Les libraires et les éditeurs n'auront d'ailleurs pas à se plaindre, puisqu'ils pourront devenir partenaires et recevoir une rétribution à chaque vente ! Il fallait être naïf pour croire que la numérisation de Google était une organisation non lucrative.

La décision du tribunal à l'encontre de la numérisation va-t'elle freiner l'ambition de Google ? Il semblerait que non. Sur l'ensemble des ouvrages numérisés par le moteur de recherche, 65 % sont des œuvres orphelines : elles sont soumises au droit d'auteur, seulement ses auteurs ou ses titulaires restent introuvables. Google peut alors les numériser en toute liberté. Même si les éditeurs américains tentent d'empêcher ce monopole, Google demeure légalement intouchable.

La bataille est loin d'être terminée.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, lisez le très bon article du blog La Feuille !


Google books doit cesser sa numérisation !

Première condamnation pour Google, par le Tribunal de Grande Instance. Le moteur de recherche a 1 mois pour verser 300 000 euros de dommages et intérêts à La Martinière pour contrefaçon. Le TGI a considéré qu' "en reproduisant intégralement et en rendant accessibles des extraits d'ouvrages" sans l'autorisation des ayants-droit, "la société Google a commis des actes de contrefaçon de droits d'auteur au préjudice des éditions du Seuil, Delachaux & Niestlé et Harry N. Abrams".
Cette décision rassure assurément les éditeurs français, puisque Google doit cesser la numérisation de leurs œuvres sans leur accord.

La collection "livre d'heures", édition Naïve.


A vos livres, prêt, lisez ! Naïve propose des textes élégants et inattendus à lire en 1 heure. Jean Rouaud dirige cette petite collection, livre d'heures, pour les lecteurs pressés, rêveurs ou compulsifs. Il ouvre d'ailleurs le bal. Il s'imagine dans la peau du petit garçon devenu grand, du célèbre film Mon Oncle, de Jacques Tati. Il y raconte les souvenirs de son oncle.

Alain Mabanckou, met face à face, l'Europe et l'Afrique et leur incapacité à communiquer, à affronter leur identité commune. Vous trouverez un extrait de cette réflexion sur le blog d'Alain Mabanckou, écrivain francophone. Dans L'Europe depuis l'Afrique, Christophe Merlin apporte sa vision à cette problématique, en l'illustrant.

L'illustration caractérise la collection, car chaque titre s'accompagne de quelques croquis qui ajoutent au charme de livre d'heures.

Laurence Tardieu, donne enfin le ton de cette collection avec son texte A l'abandon. Elle se laisse aller à une agréable nostalgie comme Jean Rouaud. Pour Mabanckou, cet abandon, est plus sévère, la nostalgie le rappelle vers sa double identité. Pour Laurence Tardieu, le moelleux de l'herbe la ramène vers ses plus doux souvenirs, comme un rêve illustré par Aude Samama.

Abandonnez 1 heure de votre temps à cette élégante collection, ou offrez-là :
L'Europe depuis l'Afrique, d'Alain Mabanckou et Christophe Merlin, Naïve, 8 euros, 44 pages.
Souvenirs de mon oncle, de Jean Rouaud, Naïve, 8,50 euros, 43 pages.
A l'abandon, de Laurence Tardieu et Aude Samama, Naïve, 8 euros, 44 pages.
Et j'en veux parfois à cette sale peinture, de Vincent Van Gogh et Denis Deprez, 8 euros, 45 pages.

Nouveaux titres parus:
Le vieil homme sur la barque, de Fatou Diome, illustré par Titouan Lamazou,48 pages, 8 euros.
Hitchcock, par exemple, de Tanguy Viel, illustré par Florent Chavouet, 48 pages, 8 euros.
Mon ami Rimbaud, d'Ernest Delahaye, illustré par Jean-Michel Vecchiet,48 pages, 8 euros.
Le blues de kippour de Valérie Zenatti, illustré par Serge Lask, 48 pages, 8 euros.

On fait quoi ce soir ? Un book dating ?


Une agence d'évènementiel littéraire (oui, oui, ça existe), Toque et Plume, développe une nouvelle forme de rencontre littéraire : le book dating. Autour d'un dîner gastronomique, vous rencontrez un auteur et pouvez, entre la soupe et le fromage, parler littérature et chiffons.

Autant le dire tout de suite, le prix de la soirée, en refroidira plus d'un. Il faudra compter jusqu'à 100 euros pour manger à la table d'un auteur. Le prix dépend autant de la renommée de la table que de celle de l'auteur. A ce tarif là, la rencontre se limite heureusement à quelques tables. Vous aurez la sensation d'avoir l'auteur un peu pour vous, par contre il risque d'être mal vu de repartir sans avoir acheté le livre accompagné de sa dédicace ! Néanmoins, vous êtes libre de vous faire remarquer.

Et qui sait avec un peu de chance, vous repartirez avec un livre sous un bras, et votre voisin de table à l'autre.... En attendant de découvrir l'évènement en province.

"La petite philosophie du voyage", des éditions Transboréal.


Transboréal mesure les latitudes, refait le tour du monde tous les jours pour nous lecteurs infatigables. Libraire et éditeur de livres de voyage, il a séquestré ces auteurs-explorateurs pour les questionner sur leur goût du voyage, et éditer le fruit de ces réflexions dans la collection la petite philosophie du voyage.

Ce questionnement débute avant même de boucler son baluchon. Dans L'appel de la route, Sébastien Jallade s'interroge sur la genèse, consciente et inconsciente, du désir de partir quelque soit la destination, urbaine ou sauvage.

Quand vous serez sûr de votre destination identitaire, vous pourrez choisir votre mode de locomotion. Peut-être que comme Christophe Houdaille, vous aimez le grand large et le doux chant des voiles. Partir, revient pour vous à quitter la terre ferme, espace de vie du genre humain, pour lui préférer la compagnie des cétacés et des icebergs.

Mais si en vous détachant de l'homme, la solitude ne vous convient pas, vous préfèrerez comme Mélanie Delloye, voyager au rythme de l'âne.

A la fin de vos expéditions, vous voudrez les revivre, et le goût du voyage installé, vous aurez la soif des images, que raconte Matthieu Raffard. Votre curiosité éveillée, vous chercherez à vous dépayser autrement et pourquoi pas dans la magie des grimoires. Un autre temps, d'autres lieux que parcourent les livres anciens et précieux. Nicolas Weill-Parot s'est longtemps perdu dans les bibliothèques les plus emblématiques pour retracer l'itinéraire de ces voyageurs silencieux.

Voyagez différemment.

Les titres sont au prix unique de 8 euros et édités chez Transboréal :
L'appel de la route, de Sébastien Jallade, 89 pages.
Le chant de voiles, de Christophe Houdaille, 96 pages.
Le rythme de l'âne, de Mélanie Delloye, 96 pages.
La soif des images, de Matthieu Raffard, 96 pages.
Les magie des grimoires, de Nicolas Weill-Parot, 96 pages.

Si vous voulez poursuivre le voyage autrement, lisez ou relisez mon billet sur le petit manuel du parfait aventurier de Pierre Mac Orlan, ou la traversée du Mozambique par temps calme de Patrice Pluyette

Le père Noël est vraiment une ordure.


Vous en avez marre des grelots, des rennes, du froid, des bons sentiments, et bien quelques auteurs ont décidé de déterrer la hache de guerre pour faire du petit bois avec le traîneau de papa noël. Âmes sensibles s'abstenir ! La suite de ce billet ne s'adresse pas à ceux qui se régalent de chants, de contes et de marrons de Noël. Pour les autres, je propose une petite sélection de romans qui défriseront votre sapin de Noël.

Et pour ça, il ne sert à rien de s'éloigner de sa Laponie natale. Ses pires détracteurs sont à sa porte. Rovaniemi, n'héberge pas que le père Noël et son attelage. Les pègres russes et finlandaises trouvent ce charmant village idéalement situé pour pratiquer leur commerce. Alors après le meurtre de l'un d'entre eux, l'enquête révèle que le village entier a finalement basculé dans la perfidie mafieuse, au lieu de l'euphorie de Noël. L'éleveur de rennes, le pasteur, et les mères de famille inquiètent plus que le pire des truands. Jari Tervo se régale à démystifier Noël avec truculance. Bienvenue à Rovaniemi, amuse mais pourra aussi en exaspérer certains par la lourdeur des personnages. Après sa lecture, je ne suis plus sûre que vous prépariez toujours des biscuits et du lait au père-Noël. Préparez-vous plutôt à condamner votre cheminée.

Pour Arnaldur Indridasson, Islandais, la solution pour guérir définitivement de Noël, est quasi freudienne : il faut tuer le père Noël. Et comme si cela n'était pas suffisant, la police le découvre dans un cagibi sordide, le pantalon sur le bas des genoux. La scène, violente, devrait vous libérer de toutes vos croyances. Cet évènement sordide s'associe idéalement à l'enquêteur dépressif d'Indridason, Erlendur, et à la moiteur ambiante du roman. A défaut de jubiler à l'approche des fêtes, vous dévorerez ce polar, la voix, sombre et écrit avec finesse.

Après ces jubilations oedipiennes, vous pouvez de nouveau célébrer Noël, grâce à deux bons policiers, écrits par Agatha Christie, précurseur du suspens et de l'intrigue. Les éditions du masque rééditent Christmas Pudding, une nouvelle où Hercule Poirot, invité pour les fêtes de fin d'année, assiste à la découverte d'un rubis dans le pudding de Noël. Évidemment, il se dévoue et mène l'enquête. Pour les plus gourmands, Agatha Christie consacre un roman policier à la nuit du 24 décembre. Une famille entière est suspectée d'avoir tué le grand-père irascible qui laisse un testament suspect. Hercule Poirot va devoir reprendre du pudding, dans Le Noël d'Hercule Poirot.

Noël, j'espère, n'aura plus la même saveur.

Les romans cités :
Bienvenue à Rovaniemi, de Jari Tervo, éditions 10/18, 9,40 euros, 406 pages.
La voix, Arnaldur Indridason, éditions Point Seuil, 7,50 euros, 400 pages.
Christmas Pudding, d'Agatha Christie, éditions du masque, 5,20 euros, 256 pages.
Le Noël d'Hercule Poirot, d'Agatha Christie, éditions du masque, 5,20 euros, 225 pages.

Le grand emprunt au secours du livre.


Vous vous demandiez bien à quoi servirait l'argent du grand emprunt : à numériser notre patrimoine écrit.

Sarkozy décide d'affronter le géant Google, et comme un signe prémonitoire, Christine Albanel, ancienne ministre de la culture, refait sa rentrée au gouvernement il y a une semaine déjà. Les pro-numériques frémissent déjà. Après Hadopi, que prépare Christine Albanel, en charge d'une étude sur le livre numérique ? Elle rendra ses conclusions le 1er avril 2010, une date idéale pour nous faire avaler un nouveau poisson.

"Petit manuel du parfait aventurier", de Pierre Mac Orlan



Pierre Mac Orlan se fait un devoir de nous mettre en garde : « Les livres d'aventure sont dangereux ». L'aventure ne s'adresse qu'aux écervelés, aux dépravés, ou à ceux qui ont déjà tout perdu. Un homme digne de ce nom, et aussi courageux soit-il, ne doit pas se compromettre dans d'absurdes expéditions qui feront sa ruine, à tous les égards. Pierre Mac Orlan est formel, un aventurier doit sa gloire à sa bibliothèque, son génie et sa fortune qu'il ne dilapide pas dans des voyages déraisonnables : un Jules Verne.

Je comprends, votre immense déception d'apprendre que Jules Verne était un redoutable casanier. Il ne vous reste plus qu'à faire le deuil de vos écrivains voyageurs préférés. Dorénavant méfiez-vous de ces beaux parleurs. Vérifiez leurs sources. Jules Verne comme d'autres ne voyagèrent jamais, sauf de leur bibliothèque à leur table de travail. Pierre Mac Orlan soutient ce mode de vie sain qui assure à son écrivain voyageur la postérité, contrairement aux explorateurs, qui périront rapidement, d'une maladie absurde et redoutable. « Les aventuriers passifs meurent comme tout le monde dans leur lit, sur la voie publique, ou à l'hôpital. ». Enfin l'aventurier passif réalise sa fortune aux dépends de l'aventurier actif, qui de toute façon est trop sot pour s'enrichir.

Dans une langue raffinée, volontairement ampoulée, Mac Orlan évoque toutes les subtilités pour devenir cet aventurier passif. Il excelle lorsqu'il s'assure de freiner en nous tout désir d'expédition, dépeignant de la manière la plus épouvantable, la vie de l'aventurier passif. Ce guide est hilarant.

Écrit en 1920, Pierre Mac Orlan n'a pu nous prévenir des risques des vols long-courriers, des jungles urbaines, et des virus mutants, qui grâce à la mondialisation se propagent à vitesse grand V. Il s'enthousiasmerait d'internet qui favorise notre inertie, en offrant une matière infinie à l'écriture de romans d'aventure.

Sillage réédite cet essai piquant sur les joies de l'immobilité, et aime nous faire redécouvrir de petits textes tombés dans l'oubli, qui face à notre modernité prennent une tonalité nouvelle.

Allumez votre cheminée, installez vous dans votre canapé et surtout n'en bougez plus avant d'avoir lu tous les livres, et fait le plus grand des voyages.


Petit manuel du parfait aventurier, de Pierre Mac Orlan, éditions Sillage, 76 pages, 7,50 pages.

"Contes curieux des quatre coins du monde", choisis par Pauline Gay-Para.


Il n'y a pas d'âge pour apprécier une histoire avant de s'endormir et surtout en ce mois de décembre propice à l'imaginaire. Pauline Gay-Prada le sait bien. Depuis plus de 20 ans cette ethnolinguistique parcourt le monde des contes. Dans ce recueil elle rassemble les plus curieux, les plus atypiques. Elle ouvre pour nous sa caverne d'Ali-Baba. En quelques pages les vérités de l'existence se révèlent à nous. Nous apprenons que les tambours, instruments célestes, existent sur la terre, depuis qu'un Renard décida d'en dérober un à la fin d'une fête divine. Depuis ce jour, le fil qui reliait le monde des Dieux et le nôtre est rompu, mais nous avons les tambours pour nous consoler.

Dans ce recueil, les Dieux ne sont pas toujours cléments, la magie joue souvent un rôle prépondérant. En Birmanie, elle aide les jalouses marâtres à enlaidir leurs belles-filles. En Inde, un roi se laisse volontiers rôtir chaque matin contre de l'or, qu'il distribue généreusement aux pauvres de son royaume. En Tanzanie, un prince devient femme.

Une fois n'est pas coutume, je ne propose pas une nouveauté, ce recueil est paru en 2004. La saison impose à chacun de retrouver, non pas son âme d'enfant, mais bien son âme de rêveur. Les contes perses sont sensuels et charnels. D'autres vous feront rire de bon cœur. Vous serez désorientés par des morales cocasses. Et surtout vous ferez de beaux rêves, car après chaque conte, vous vous émerveillerez. Bonne nuit.

Contes curieux des quatre coins du monde, choisis par Pauline Gay-Prada, éditions Babel, 6,50 euros, 150 pages.

"La route" de Cormac Mac Carthy au cinéma.


Aujourd'hui, 2 décembre, sort l'adaptation de La Route, de Cormac Mc Carthy, prix Pulitzer 2007. L'occasion pour moi d'inviter chacun d'entre vous à le lire. Assurez-vous d'avoir un week-end de disponible car vous ne pourrez pas le lâcher avant de l'avoir achevé. Si vous ne deviez en lire qu'un seul cette année, ce serait le bon.
Vous voulez savoir ce qu'il raconte....lisez-le. Tout le monde ne l'aimera pas, mais personne ne ressortira indemne de sa lecture.

La Route, de Cormac McCarthy, éditions points seuil, 6,80 euros, 252 pages.

Des poches pleines de strass et de paillettes


L'angoisse monte, les mains deviennent moites, les neurones s'entrechoquent... Cette année encore, il vous faut trouver des cadeaux astucieux, époustouflants, qui surprennent votre famille et ne réduisent pas à néant vos économies. Arrêtez de vous obstiner à offrir des brochés à 20 euros. Depuis quelques années offrir un livre de poche ne choque plus. D'autant que les éditeurs les relookent. Strass, paillettes, fourrures rien n'est trop beau pour le livre de poche.

La palme de l'élégance revient une fois de plus à Folio. Ses poches semblent revenir de la fashion-week. Le Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote, est habillé d'un fourreau noir relevé de faux diamants. Paris est une fête, d'Ernest Hemingway, brille autant que la Tour Eiffel, dans son étui bleuté à paillettes. Enfin pour les plus sobres, vous retrouvez le Tao Te King, les entretiens de Confucius et des textes du penseur Lie Tseu, dans un étui papier aux incrustations florales.

Les textes du Livre de Poche font pâle figure à côté des fantaisies de Folio. Même s'ils remettent en avant les titres phares de leur maison d'édition, tels que L'ombre du vent, La valse lente des tortues, ou Mal de Pierre, l'habillage cartonné reste fragile et peu élégant. Un peu d'empressement suffit à déchirer cet étui qui n'ajoute rien au format courant, sinon une hausse du prix. Pour conserver la qualité du contenu, restez-en à l'édition originale et achetez un papier cadeau élégant, ce sera bien suffisant.

Cette année 10/18 s'invite à la fête. A la place de la couverture cartonnée, l'éditeur propose une jaquette épaisse et solide, habillée d'une photographie d'artiste. Ils misent sur le dépaysement. Pour votre grand frère qui rêve d'exploration vous choisirez Into the wild, de Jon Krakauer, un voyage initiatique dans les grands espaces de l'Amérique du Nord. Et pour votre cousine rêveuse et un peu artiste, La triste fin du petit enfant huître, textes et dessins de Tim Burton.

Enfin, pour vous mêmes et en plusieurs exemplaires pour chaque membre de votre famille, Kafka sur le rivage, De Haruki Murakami. Un roman japonais hypnotique et troublant. Un jeune de 15 ans fugue. Il quitte Tokyo pour retrouver la trace de sa mère. Au même moment, Nakata, 50 ans, sous tutelle, quitte la capitale, son seul repère. Pourquoi ? Il n'en sait rien... Entre le roman d'initiation de l'adolescent et la quête onirique de Nakata, simple d'esprit, il n'existe aucune frontière entre le rêve et la réalité. Ce roman se lit avec une étonnante facilité. Lorsque vous le terminerez il laissera une empreinte indélébile, un gout de rêve éveillé.

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Chez Folio :
Contes à faire rougir les petits chaperons, de Jean-Pierre Enard, 9,20 euros, 192 pages.
Le Dieu des petits riens, d'Arundhati Roy, 10,20 euros, 448 pages.
L'histoire de Pi, de Yann Martel, 10,20 euros, 448 pages.
Paris est une fête, d'Ernest Hemingway, 10,20 euros, 256 pages.
Petit déjeuner chez Tiffany, de Truman Capote, 9,20 euros, 192 pages.
Sagesses chinoises, 10,20 euros, 184 pages.

Chez Livre de Poche : à éviter, vos proches ne seraient pas dupes.

Chez 10/18 :
Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami, 12 euros, 640 pages.
L'histoire de Bone, de Dorothy Allisson, 12,50 euros, 416 pages.
La triste fin du petit enfant huître et autres histoires, de Tim Burton, 10 euros, 128 pages.
Légendes d'automne, de Jim Harisson, 10 euros, 320 pages.
Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup, 10 euros, 368 pages.
Into the wild, de Jon Krakauer, 10 euros, 288 pages.