Ne lisez pas ce roman l'estomac vide. Vous pourriez être habitués aux romans policiers les plus gores, aux romans dégoulinant de sang, le réalisme cru de Mo Yan devrait malgré tout donner des haut-le-cœur à plus d'un. Cette recommandation ne doit pas vous empêcher de lire Le supplice du santal. Au contraire, maintenant prévenus, vous ne pouvez pas passer à côté de cet excellent roman.
Si vous ressentez quelques écoeurements, que devrait éprouver la délicieuse Meiniang ? Les quatre hommes qui l'entourent la tourmentent. Son mari, Petit Jia, est un boucher sot. Son beau-père, Zhao Jia, réapparaît et révèle à Meiniang et son fils, ses atrocités en tant que bourreau impérial. Enfin, son amant le sous-préfet Qian Ding, qu'elle aime éperdument, vient d'emprisonner son père, Sun Bing, et doit le condamner sévèrement pour la révolte qu'il a dirigé. Meiniang se débat et tente de préserver sa liberté, la justice et l'amour, quand son père cherche à réveiller sa province annexée par l'Allemagne. La Chine impériale décline, l'occident inquiète. Meiniang incarne la Chine nouvelle.
Il y a du Zola chez cet auteur chinois. Le roman social prend tout son sens face à la grande Histoire. Le drame de Meiniang est directement liée au déclin de la Chine Impériale du XIXème siècle. Mo Yan aime les romans foisonnants, les longues descriptions. Par dessus tout, il aime raconter l'histoire du peuple chinois. Pour ceux qui s'endorment dès les premières longueurs de Zola, celle de Mo Yan ont une autre saveur. Si vous lisez Mo Yan pour la première fois, vous reprendrez votre souffle. A la sévérité de Zola, il oppose la fantaisie chinoise.
Lire Mo Yan c'est pénétrer le meilleur restaurant chinois de votre quartier : un goût immodéré pour l'excès, une esthétique clinquante, les dictons chinois énigmatiques, et une certaine lubricité. Heureusement, la cuisine chinoise contraste toujours avec le décor. Elle est élaborée, pleine de finesse et de créativité. Tous ces ingrédients caractérisent les romans de Mo Yan, un grand chef de l'écriture. L'Histoire chinoise cohabite avec les légendes. Aux haut-le-coeurs succèdent des descriptions élégantes, où la beauté de la Chine rayonne. Mo Yan réussit cette cohabitation incroyable du réalisme cru et de l'esthétique onirique, qui déstabilise et dépayse le lecteur occidental trop judéo-chrétien. On s'accoutume de l'excès et on se laisse happer...
Prenez un grand bol d'oxygène et précipitez-vous dans la lecture du supplice du santal.
Le supplice du santal, éditions Point Seuil, 8,50 euros, 720 pages.
Lire Mo Yan c'est pénétrer le meilleur restaurant chinois de votre quartier : un goût immodéré pour l'excès, une esthétique clinquante, les dictons chinois énigmatiques, et une certaine lubricité. Heureusement, la cuisine chinoise contraste toujours avec le décor. Elle est élaborée, pleine de finesse et de créativité. Tous ces ingrédients caractérisent les romans de Mo Yan, un grand chef de l'écriture. L'Histoire chinoise cohabite avec les légendes. Aux haut-le-coeurs succèdent des descriptions élégantes, où la beauté de la Chine rayonne. Mo Yan réussit cette cohabitation incroyable du réalisme cru et de l'esthétique onirique, qui déstabilise et dépayse le lecteur occidental trop judéo-chrétien. On s'accoutume de l'excès et on se laisse happer...
Prenez un grand bol d'oxygène et précipitez-vous dans la lecture du supplice du santal.
Le supplice du santal, éditions Point Seuil, 8,50 euros, 720 pages.
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