L'un des défauts majeurs des premiers romans, vient de ses auteurs ! Ils veulent, à tort, faire la démonstration de leur érudition, en utilisant tout le vocabulaire emmagasiné depuis leur tendre enfance dès leur premier opus.
Jean-Baptiste Del Amo possède effectivement un lexique extraordinaire, seulement il a choisi de situer son roman au XVIIIème siècle, période célèbre pour les grandes heures de la langue française et les frasques libertines. Alors son vocabulaire nourri, trouve une juste place au côté de l'ascension de son jeune paysan breton, lui aussi figure récurrente du jeune premier dans la littérature.
Gaspard croît quitter la fange de sa ferme porcine en arrivant à la capitale sans un sou en poche. Il découvre bien vite une ville souillée, où la Seine, envoutante comme le Styx, charrie cadavres, maladie et misère humaine. L'air vicié transpire dans l'écriture même. Del Amo ne nous épargne rien. Petit à petit, Gaspard échappe malgré tout à l'attraction de la souillure, et connaît une ascension et une initiation qui révèle un autre univers malsain et enivrant.
Avec Une éducation libertine, Del Amo reprend les codes du roman d'initiation libertin, et s'attelle à un exercice périlleux. Le roman se noie parfois dans ses accumulations d'adjectifs et de descriptions. Sa solide structure, la succession de personnages exubérants aère l'ensemble et permet au roman de garder le cap. Gaspard et son auteur peuvent se féliciter de leur entrée dans un monde très fermé où un bel avenir semble les attendre.
Une éducation libertine, de Jean-Baptiste Del Amo, éditions folio, 455 pages, 7,70 euros.
Une éducation libertine, de Jean-Baptiste Del Amo, éditions folio, 455 pages, 7,70 euros.